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Pourquoi je suis devenue Coloriste de Bande dessinée

Ma carrière de coloriste a débuté doucement vers 1985 (et voui!).

A cette époque, je m'ennuyais ferme dans des emplois de secrétariat ou d'analyste programmeur (là, un peu moins). J'étais alors la compagne d'un auteur de BD très réputé et de temps en temps je lui donnais un coup de main en préparant les aplats sur les planches à mettre en couleurs, au pinceau et à la gouache, sur du PAPIERAh lala, la douce odeur d'amande amère du gris de Payne et le froufrou de l'eau agitée par mon pinceau… Nostalgie?

Petit à petit, j'ai pu prendre un peu plus d'initiatives, jusqu'au moment où il est devenu évident que non, vraiment, le secrétariat, ça n'était pas fait pour moi, pas du tout du tout! (Ou bien c'est moi qui ne suis pas faite pour un emploi de bureau?), et que la mise en couleurs de bandes dessinées, c'était bien plus rigolo. 

Et puis j'ai eu ma première vraie commande, officielle… aux Humanoïdes Associés, rien que ça! 

 

Au milieu les années 80, la mise en couleurs numérique en était à ses balbutiements. Les ordinateurs personnels n'étaient pas encore vraiment équipés pour le travail de graphisme et les résultats étaient, comment dire, hum, pas très concluants. Mais c'est tout naturellement que j'ai cherché à développer dans cette direction en associant tous mes "talents". Le point le plus sensible en fait aura été de rassurer auteurs et éditeurs: "mais oui, regardez, une mise en couleurs numérique peut ne pas sembler "mécanique" (voir Green Manor par exemple); et, oui, pour ce qui est de s'organiser, c'est plutot simple!"

 

Encore maintenant, mon dessin reste assez médiocre, si on s'en réfère au dessin académique.

Je suis surtout réputée, outre mon professionnalisme et ma fiabilité, pour les ambiances colorées que j'invente, pour la mise en lumières des scènes et pour ma façon de soutenir l'action avec la couleur.

En effet, mettre une BD en couleurs ne se limite pas à colorier ("coloriser", ouh, quel vilain mot) des cases.

Il y a tout un travail assez technique à faire pour mettre l'élément le plus important en avant, et pour aider l'oeil du lecteur à suivre le cheminement dans la page et donner du mouvement.

C'est en cela que ce travail est différent d'une simple illustration, ou encore des films d'animation dans lesquels c'est la caméra qui donne vie.

 

On m'a dit une fois que ma mise en couleurs est "inspirée". Cela doit tenir au fait que je me raconte ma propre histoire, parallèlement au scénario: qui est ce personnage, d'où vient-il, quel est son caractère, que vit-il? C'est ce qui va déterminer les couleurs de ses vêtements et du lieu où il vit.

Quel est le sentiment général qui ressort de la scène: confortable (ambiance plutôt dorée)? action, violente ou pas (plutôt rouge orangé)? glauque (gris vert)? magique (bleu et violet mauve, peut-être un peu de vert, en fonction)? angoissante ou glauque (bleus durs, verts sombres et gris)? etc.

 

Et oui, quand je mets des couleurs sur les dessins des autres, c'est tout un univers qui m'habite!

Scarlett SmuLkowski ~ Mise en couleurs de bandes dessinées, phylactères, lettrage

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